L'achat d'une cure - une question de finances, d'image pour la localité mais aussi de courage

Jusqu'en 2010, 69 cures dont devenues propriété des paroisses

La motion déposée par les députés Bichsel et Bieri a provoqué de grands changements en de nombreux lieux du canton. Les cures avaient appartenus aux communes avant d'être reprises par le canton au moment où celui-ci prenait en charge le traitement des pasteurs. Aujourd'hui les paroisses peuvent effectuer une sorte de "rachat". Oui mais voilà, tout n'est pas si simple...

Pour les paroisses qui optèrent pour l'acquisition d'une cure, un certain risque apparut. "Il y a eu plusieurs cas où, après l'achat, les rénovations et l'entretien ont provoqué des charges conséquentes" explique Willy Oppliger, chef des Service centraux des Eglises réformées Berne-Jura-Soleure. Il s'agissait  un peu d'une pochette-surprise car il était difficile de tout prévoir à l'avance. Il y eut même des cas où les montants investis dans la rénovation étaient plus importants que l'achat en tant que tel.

Toutes les paroisses n'ont pas accepté la proposition tout de suite. Certaines d'entre elles ont d'abord refusé en voyant les rénovations à faire, puis ont ensuite accepté après que le canton a fait quelques travaux sans que cela n'ait une influence sur le prix d'achat. Le canton a participé donc activement. Parfois les négociations ont nécessité une longue période de va-et-vient, comme dans le cas de Wangen an der Aare.

Jusqu'en 2010, ce sont ainsi 69 cures qui sont passées aux mains des paroisses. A partir de 2011, il y eut encore quelques achats.

La péréquation financière aussi concernée

Les conditions imposées par le service des monuments historiques pouvaient dans certains cas se révéler un obstacle supplémentaire. Que pourrait-il encore exiger à long terme? Le canton ne serait-il pas une meilleur instance pour garder des biens culturels, lui qui a déjà un service spécialisé dans sa propre administration?

Les implications sur la péréquation financière de l'Eglise se manifestèrent. Ne serait-elle pas surchargée? Heureusement, des réserves suffisantes permirent de prendre en charge ces coûts. Parmi les paroisses qui ont fait l'acquisition de leur cure, certaines se trouvaient parmi les bénéficiaires de la péréquation, mais devaient aujourd'hui investir. La péréquation a mis des moyens à disposition non seulement pour les acquisitions, mais aussi pour les rénovations.

Emblème de la localité …

Mais toutes les questions ne concernaient pas uniquement les  finances. Après l'achat, les paroisses pouvaient considérer le bâtiment comme leur propriété. Cela signifiait que leur propre ecclésiastique pouvaient dorénavant en bénéficier. Peut-être la cure fait-elle partie d'un ensemble de bâtiment comprenant aussi l'église. comme à Grafenried-Fraubrunnen. Parfois l'ensemble composé par l'église, la cure et les alentours sont considérés comme un élément constitutif du patrimoine local. La vente de la cure à des tiers pourrait susciter des problèmes. Dans le cas du Schlossberg à Thoune, il y eut un partage: un bâtiment revint à la paroisse et un autre à des tiers.

… et résidence

De même, la nouvelle règlementation concernant l'obligation de résidence joua un certain rôle (cf. le rapport de Hansruedi Spichiger). Son assouplissement pouvait signifier que la cure pourrait plus facilement revenir à des tiers. Le canton voulait se donner ainsi les coudées plus franches s'est-on dit. Tant qu'il y avait l'obligation de résidence, les paroisses étaient sûres d'avoir leurs pasteurs sur place, mais maintenant que la nouvelle règlementation était en vigueur... pour certains elle représentait un assouplissement bienvenu, pour les autres une pression supplémentaire.

Quand le pasteur annonça à Trub que la maison en tant que telle n'était pas habitable à ses yeux, il dut donc demander à la paroisse d'être déchargé de l'obligation de résidence. La décision alla dans son sens. Le canton put alors disposer librement de cette ancienne cure.

Un investissement?

Le fait que les cures "n'ont jamais été un "bon" placement et le ne sont toujours pas se vérifie , insiste Willy Oppliger. L'occupation, les coûts de rénovation, l'obligation de résidence restreignent les possibilités. Les coûts réels et les amortissements doivent être assumés dans toute leur ampleur. Le plafonnement des loyers demandés  à une pasteure ou un pasteur en est une raison supplémentaire.

Dans le cadre du budget d'une paroisse, une propre cure pouvait et peut se répercuter lourdement sur un budget. Si dans un budget de CHF 750'000.00 une cure engendre à elle seule des coûts de CHF 60'000.00, cela se fait sentir. "Là où on a acheté une cure, il y avait une certaine dose de courage" nous dit Willy Oppliger. L'Eglise nationale ne s'en est pas mêlée, elle a juste rendu les gens attentifs à l'un ou l'autre aspect.

Ronald Roggen

Paroisses Bleienbach.

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